littérature sénégalaise

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Location: THIES, Senegal

Saturday, May 14, 2011

Merci pour vos messages d`encouragement.

NOUVELLE PUBLICATION

MBILEME OU LA BAOBA DU LION, theatre,NEAS, 2010

synopsis
Encore pour mon pere
Ousmane Tine, jeune sénégalais originaire du village de Thicky vient de terminer ses études en France et décide de rentrer au Sénégal après une longue absence. A son arrivée, il trouve que la dépouille mortelle de son père a été ensevelie au creux du baobab cimetière à côté des autres griots , comme le veut la tradition en pays sérère. Il n’a alors qu’un seul dessein : reprendre les restes de son père pour l’enterrer dans le cimetière commun et lui bâtir une sépulture digne de lui. Les saltiguis, gardiens de la tradition, s’y opposent énergiquement car de mémoire d’homme jamais un griot n’a été enterré à Thicky de peur que cela entraîne la famine et la décimation du village en entier !
S’ouvre une confrontation entre la modernité et la tradition, le droit et les coutumes ancestrales du Sénégal.

Piece jouee par le THEATRE NATIONALE DANIEL SORANO DE DAKAR

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2- famadiagne2@gmail.com

Tuesday, October 31, 2006

Trois hivers à Genève, extrait

le camp des innocents, extrait de l'ouvrage collectif.

la nouvelle de Fama Digane Sene, "Trois hivers à Genève"
le début de l'histoire

A la mémoire de Maam Fatou et Maam Doudou Bâ.

La Tribune de Genève. Le 06 juin 2005
Mort chez lui, il attend sa tombe depuis 500 jours
Acacias - Les policiers ont découvert un squelette, passé entre les mailles du système social.
Révélation.
"Ils sont trois dans ce long couloir triste, situé au sixième étage d'un immeuble des Acacias. Trois employés d'une entreprise de nettoyage en train de revêtir leur blanc de travail. Combinaisons intégrales, visages encagoulés, bouche et nez recouverts d'un masque. Les mines sont fermées et sombres. A chaque fois que l'un deux franchit le seuil de l'appartement qui lui fait face, il lâche un juron pour se donner du courage, avant de refermer la porte derrière lui. L'espace à vider tient en une seule pièce, dont le volume l'apparente davantage à un placard qu'à un studio. Sur un meuble, trône une télévision ; sa taille paraît comme surdimensionnée dans ce décor confiné où règnent un capharnaüm et une saleté indescriptibles (...). C’est là, sur ce sommier, que reposait le corps, les membres inférieurs tombant par terre, le tronc et la tête couchés. Les chairs avaient depuis longtemps disparu (…) Dix-huit mois, deux Noëls, deux printemps et presque deux étés, pendant lesquels un ressortissant suisse de 56 ans était mort chez lui, sans que la société ne se soucie de savoir s'il était encore vivant."

Cela se passait à Genève. 185,000 habitants. Carrefour international des fortunes mondiales, entre les Alpes et le Jura. La ville, perchée à 373 mètres d’altitude, appartenait au canton du même nom, membre de la confédération suisse depuis 1814. Belle, allure royale du Léman, squares et promenades piétonnes dans un îlot de verdure et de fontaines coulant toute l'année, la cité plaisait. Ses armoiries, faites d’une aigle couronnée et de la clé de la liberté, flottaient sur les façades des bâtiments administratifs et sur tous les lieux du patrimoine. Elles représentaient les symboles de l'Empire auquel Genève avait été rattachée au XIe siècle, et de l'Evêque dont la ville tenait ses franchises. Liberté, foi et lumière, trois symboles qui m’accueillaient depuis trois hivers. Trois longs hivers durant lesquels j'avais vu les pires grêles paralyser la ville entière, les abords du lac et tous les artifices des Pâquis figés en un immense amas de givre. Les vagues de froid avaient été si austères cette année, les jours si courts, que tous, les lèvres fendillées comme des ailes de sarcelles, nous en avions perdu jusqu'à notre sens du rire. Puis le printemps était arrivé avec ses parfums de fleurs et ses airs de fête. Lundi 6 juin.

Comme presque tous les lundis matin depuis la mi-mai, malgré mes serments nocturnes, j’avais raté le tramway de 7 h 14. Dieu était pourtant témoin de mes efforts, je n'avais pas même pris mon café, me disant, pleine de bonne volonté, que j'en prendrais un, plus tard à la cafétéria de Battelle. Mais à l'instant même où je traversais la rue de Lausanne, j’aperçus le tram qui roulait à vive allure vers la gare Cornavin. C'était un des nouveaux cityrunners, modernes, silencieux, d'une rapidité et d'un design qui rappelait les TGV parisiens. L'arrêt était à un peu plus de 150 mètres mais il y avait bien longtemps que mes performances en course à pied étaient étouffées dans mes jambes d’enfant par la croyance populaire africaine selon laquelle une femme à la démarche rapide emporterait dans la vitesse de ses jambes, signe du diable, la prospérité de son ménage. J’étais éduquée à me prélasser. Un pied après l’autre, puis un pied, puis l’autre. La première image qui me venait d'ailleurs à l’esprit, chaque fois que je pensais à mon enfance, était celle de ma grand-mère, la gorge tremblante de remontrances, me demandant de modérer mon allure ! A cette époque, j'avais tout de même la fâcheuse habitude de me précipiter sur tout et rien, pour tout et rien.
- Jigueen daay teyy, me rappelait Maam Fatou.

De cela, il y avait bien longtemps. Aujourd'hui, comme avant-hier et comme jeudi dernier, j'avais raté le tram. Je ne savais pas courir et ma conscience me grondait fortement.

J’aurais dû prendre mon café !

Elle était bien aimable, la conscience. Elle était d'ailleurs toujours aimable avec son porteur. Aucune allusion à ma paresse printanière, à mon refus de sortir du lit quand le réveil sonnait à 6 h 30. Aucun reproche pour ma contre-performance sportive. Ce n'était d'ailleurs pas la faute de ma grand-mère si elle n'avait pas pensé que sa petite-fille aurait besoin de courir quelque part dans une ville éloignée d'Occident pour rattraper un tramway. Si elle avait su, elle m'aurait certainement laissé courir derrière les poules de la basse-cour, les oiseaux et les papillons, et même derrière les chevaux du Vieux Birane, le gardien de la coopérative d'arachides. Elle m'aurait certainement laissé courir, en dépit du diable et de la fortune supposée du ménage, car elle m'aimait bien, ma grand-mère, et elle était raisonnable. Mais elle ne pouvait pas prévoir les chemins de ma vie, et j'avais raté mon tram. Dès lors, il ne me restait plus qu'à attendre celui de 7 h 22 à l’arrêt Môle.

Je rejoignis quelques silencieux sur le quai nouvellement aménagé pour rapprocher les transports de notre quartier. Nous étions six, bientôt sept ; un jeune homme d'origine maghrébine vint à nous. Ah, il semblait sortir du lit, lui ! Col de chemise à moitié plié et lacets en traîne. Signes non trompeurs, le lundi matin. Les mots du dramaturge Marcel Achard me revinrent. Le meilleur moyen de prendre un train à l'heure, c'est de s'arranger pour rater le précédent. C'est sûr. Dans le prochain tram, nous y serons tous. En attendant, chacun, remonté contre soi-même, martelait le pavé, en évitant de trop se rapprocher de l'espace vital des autres. D'ailleurs, le lundi matin, les Genevois n'étaient pas bavards. Plutôt anxieux, le regard vigilant, l'esprit aux aguets, ils arpentaient, pensifs, les quais, guettant impatiemment le tram et priant d'y retrouver un petit siège tranquille, seul, à côté d'une fenêtre où ils se blottiraient avec le journal, à l'abri de toute invitation à la discussion.

Ah, le journal, pendant que j’y pensais !

Au coin de la rue, il y avait un marchand, bulgare ou albanais, je ne me souvenais plus vraiment même si un matin, m'invitant à la discussion, il m'avait parlé d'un ton nostalgique de son pays d'origine. Mais je ne retenais pas les nationalités de l'Europe de l'Est, à cause de l'ex-Yougoslavie que j'aimais bien, phonétiquement (je ne l'avais pas visitée une seule fois) et à laquelle je rattachais toutes celles qui s'y rapprochaient de près ou de loin. J'enjambai la rue et lui pris La Tribune. Il était toujours souriant, le marchand de journaux, et toujours matinal. Lui, certainement, ne ratait pas son tram. Je lui rendis son sourire en pensant qu'une grand-mère avant-gardiste, cela servait toujours.

Mort chez lui, il attend sa tombe depuis 500 jours !

Quoi ? Un Genevois abandonné sur son lit de mort 500 jours, en plein centre-ville ?

L'horreur gela Genève, jusque dans ses abîmes, et plus que ne le fit l'hiver dernier ! Le quart d'heure d'attente qui nous séparait du prochain tram paraissait interminable. Nos regards s’accrochaient désespérément à la manchette qui pendait sur le kiosque, annonçant la triste nouvelle. L’angoisse et la peur alourdissaient l'air, l'inquiétude aussi, certainement, face à la dérive de l’individualisme.

Cet homme n’avait-il pas de famille ? Pas d’amis ? Pas de voisins ? Vraiment personne qui se souciait de lui ?

Le journal poursuivait :

Et pourtant, cet oublié de tous, ce solitaire absolu, n'était pas un inconnu. Chaque mois, avec une ponctualité d'assisté, il se rendait au 54, route de Chêne, pour retirer au guichet la somme d'argent que lui octroyait l'Office cantonal des personnes âgées (…)

Chaque mot de Thierry Mertenat enfonçait un peu plus la lame de la souffrance. L’article, indigeste, sentait l'odeur fade du crime social et restait coincé en travers de nos gorges. La mort solitaire du Genevois paraissait comme une offense à l'esprit suisse, un immense affront au modèle social de ce pays pourtant hautement civilisé.

Le tram arriva. 7 h 22.

Notre cité, outragée, surprise par le scandale, désertait ses trottoirs. Une erreur avait été commise. Fatale. Un égarement de cinq cent jours qui amplifiait un peu plus notre bourbier social et qui en disait long sur le malaise de tous et de chacun à bout de nerfs, fatigué de la vitesse sociale, du coût de la vie et de la mort, de l’effort surhumain accompli chaque jour et à toute heure pour se hisser au rythme effréné de l’Europe. Une ambition quotidienne qui dépassait les limites de l’humainement supportable. Genève était épuisée à 7 h 22 et pourtant nous n’étions que le lundi matin. La semaine n’en était qu’à ses premières heures de traque. Elle exigeait des uns 40 heures de travail, et des autres, en supplément, l’outrance et l’abus de la corvée au noir !

Cruauté. Drame. Souffrance.

La solitude de l’homme des Acacias s’augmentait de l’horreur des images de Beslan en Ossétie du Nord et de la Estacion de Atocha. Elles rôdaient toutes autour de notre conscience et renaissaient à la moindre occasion, sous nos sourcils à demi-fermés.

Le tram s’élança vers Cornavin.

Je pris place à côté d'une septuagénaire qui sentait la lavande et d'une adolescente dont la lèvre supérieure était trouée d’un piercing argenté. C’était la mode en ce moment, le piercing et le tatouage. Des signes identitaires qui estampaient la peau sur toutes ses parties visibles comme autant de marques de ralliement à une cause lointaine et indéfinissable. La rame paraissait étroite. D'ailleurs, les Genevois n'aimaient pas vraiment les cityrunners très peu dotés de siéges individuels, si convoités dans les anciens trams. Les places assises étaient trop conviviales, trop rapprochées, les unes en face des autres, et trop intimes pour Genève. Très vite, tous se replongèrent dans le journal. Excellent refuge. Mais ce matin, la tanière était incommode, un cadavre y interpellait les consciences. Le titre de La Tribune jaillit comme une insulte à l'incondition humaine à laquelle nous étions parvenus et qui constituait le terreau sur lequel naissaient la xénophobie et le terrorisme. Tous désiraient que l'administration apportât la solution au mal, que sa police descendît dans la rue, qu'elle mît hors de danger la population, qu'elle la rassurât : ce n'était qu'un cas isolé qui n’arriverait ni à eux, ni à personne qu'ils connaissaient.
Je soupirais en me tenant le front entre le pouce et l’index. Mes deux voisines me regardèrent, désapprobatrices. D’autres regards brusquement solidaires, ligués dans le même élan de mépris et de dégoût, brillèrent des quatre coins de la rame et convergèrent vers le mien. Je me repris et hissai la tête au dessus des mines semi-moqueuses, tournées vers une sauvage d'Afrique à qui on avait appris à lire par la magie européenne et qui osait à présent narguer Genève avec son propre journal, dans son propre tram !

NOUVELLE PUBLICATION:Le Camp des Innocents, prix littéraire Williams Sassine, 15 nouvelles africaines, éd. Lansmann


le camp des innocents, ouvrage collectif, Edition Lansman, 223 pages
ISBN : 2-87282-517-7

C'est en hommage au grand écrivain guinéen, disparu en 1997, que l'Ong belge CEC a organisé le prix Williams Sassine, un concours de nouvelles destiné à des auteurs d'origine africaine et portant sur le thème de la résistance au racisme, à la xénophobie, à l'ethnisme. Quinze textes ont été primés, provenant d'écrivains confirmés ou débutants, qui ont tout ou partie de leurs racines au Cameroun, au Mali, au Maroc, en RDC, au Sénégal et au Togo. Quinze textes qui explorent, dans une diversité et une liberté fécondes, la boue collante des préjugés, les territoires minés de la "bonne conscience", les champs si nombreux de l'exclusion, les ruines et les déserts provoqués par la haine.

Avis des critiques
Alain Brezault Alain BREZAULT publié le 02/06/2006

Parmi les autres nouvelles sélectionnées, je retiendrai plus particulièrement « Trois hivers à Genève » de l’écrivaine sénégalaise Fama Diagne Sène dont le récit relate, dans une langue d’un grand classicisme, le trajet en bus à travers Genève d’une étudiante africaine se rendant à l’université. Chaque station étant l’occasion de porter un regard d’une rare acuité sur le comportement à son égard des passagers qui embarquent ou descendent du bus bondé."

Saturday, October 15, 2005

Signatures internationales, communications, lectures

FILDAK, Foire Internationale du Livre et du Matériel Didactique, Dakar 1997

Salon du livre et de la presse, Genève, PALEXPO, 1998, 2003, 2004

Zimbawé Book Fair, Foire Internationale du livre, Hararé, 2001

Festival des francophonies en Limousin, Maison des auteurs, soirée lecture /poésie, 2004

Festival la Folie des mots, Faux la Montagne, France, 2004

Maison des auteurs, Keur Birago, Dakar, 2004

Bibliographie de Fama Diagne Sene





Le Chant des ténèbres, roman, éd. NEAS, Dakar, 1997.154 p.
2nd ed. rev et corr.,NEAS, Dakar, 2003, 243p.



Le Baobab du lion, nouvelle dans la revue littéraire Ecriture n°59 (Suisse), 2001.






Humanité, recueil de poésie, éd. Maguilen et éd ; Damel, Dakar, 2003. 30 p.












Les deux amies de Lamtoro. Conte pour enfants. Fama DIAGNE SENE, Samba NDAR CISSE (Illustrateur)Léeboon - Lippoon Falia éditions enfance - Edicef , 2003, 26 p.










L'heure des adieux, nouvelle dans L'Europe, vues d'Afrique, Le Cavalier bleu éditions, Le Figuier, 2004, p.29









La Momie d'Almamya, roman, éd. NEAS, Dakar, mars 2004. 264 p.

Notes d'auteur sur "le chant des ténèbres"

Notes d'auteur

Je termine cet extrait avec la célèbre phrase de Duhamel: "Les hommes ont inventé le livre pour soulager leur mémoire. Ce qu'ils déposent dans les livres, c'est ce qu'il veulent conserver."
"le chant des ténébres" est la VOIX des sans voix sénégalaises: filles, femmes, trop souvent victimes du poids de la tradition et des coutumes. En Afrique, la femme écoute, obéit, fait la cuisine, cherche l'eau et le bois mort, puis le soir, épuisée, gémissante, elle rejoint son homme et doit faire des enfants, ( mieux vaut des garçons et mieux vaut surtout qu'elle soit féconde). Pas le droit d'être stérile! C'est d'ailleurs toujours sa faute si le couple n'a pas d'enfant.

les labyrinthes qui étouffent mon personnage tout au long du roman ( bloc de sang en mouvement, halucinations, folie, errance) ne sont que des représentations romanesques des remous de la vie d'une femme africaine. Elle porte le continent sur son dos, nourit les hommes, met au monde les enfants, subit la polygamie, ignore ses droits, souffre en silence... alors sûrement, la folie trouvera un terrain propice dans son âme en errance.

Friday, October 14, 2005

le chant des ténèbres, dernier extrait

extrait, pages 239-243
La vie m'a frustré de toutes ses promesses en ce lundi matin bien ordinaire, dans une salle de classe, devant un professeur soudain métamorphosé en un immense bloc de sang en mouvement. Lequel ne tarda pas à m'engloutir au point de m'exiler pendant des semaines sur une planète peuplée d'étranges créatures qui m'arrachaient des hurlements de terreur. Petit à petit ma raison se consuma. Je perdis tout discernement et tout esprit de suite: mes facultés mentales s'égarèrent dans un labyrinthe. Je cessai de distinguer le bien du mal, mon ami de mon ennemi et même le jour de la nuit. J'étais devenue folle, complètement folle en une fraction de seconde, à quelques petites semaines de l'examen du baccalauréat. Il a suffit de cette prison de sang pour que je perde tout. Je parlais à des interlocuteurs invisibles, regardais sans rien voir, pleurais sans raison apparente, refusais de me nourrir et marchais nue(...)
En perdant ma raison, j'ai tout perdu. Aux yeux de mes pairs, la maladie qui m'a si méchamment fauchée au midi de ma jeunesse est incurable. Ils ont commencé à me montrer du doigt, à me fuir, à presser le pas dés qu'ils m'aperçoivent devant notre porte(... )
Mes proches avaient peur de cet être fou, que j'étais devenue sans se douter que j'avais peur de moi-même( ... )
La société ne pardonne pas, aux yeux de ma famille, je serai toujours celle qui a assassiné Tanti. Si je retourne à la maison, ils m'enfermeront de nouveau dans ma cellule. Cette fois-ci, ils m'attacheront au pied du lit. J 'étais devenue une charge bien trop lourde pour tout le monde, même pour le guérisseur Baay. J'en suis consciente. C'est pourquoi, je ne veux pas retourner à Thida... Demain le soleil se lèvera pour toi sur une nouvelle journée de bonheur et d'amour. Pour moi, tout sera comme aujourd'hui et comme toutes les autres journées que j'ai vécues ; sans aucun espoir. Je continuerai à ma poser la même question.
" Guérirai-je un jour?"
Demain, je serai devant ta porte avec mes haillons et mon regard fuyant. Je marcherai pieds nus dans les rues froides de ta ville. Je me tapirai contre ton mur en grelottant. J'installerai mes quartiers sur un tas d'ordures d'où l'on ne viendra pas me chasser(...)
Un jour, la faim et la solitude me terrasseront sous ta fenêtre. Alors, sur ma tombe, si tu veux bien m'en creuser une, n'oublie pas de graver, je t'en prie : VOIX INTERNE. Pour tous les maux que j'ai subis dans ma chair, pour toutes les humiliations que j'ai accumulées au plus secret de ma mémoire. Je viens vers toi, encore plus légère et plus folle mais si heureuse, le panier de Bakary sous mon bras.
C'est la dixième heure, la nuit descend lentement sur Keur Baay. Demain, si tu me rencontres dans la rue, n'aie pas peur de moi, malgré mes haillons et ma puanteur, arrête-toi pour lire dans mon regard, la voix interne de mes souffrances.
FIN

Tuesday, October 04, 2005

Le Chant des ténébres, extrait 3: de la raison à la folie

Rien en cette matinée ordinaire, ne laissait présager la fin de mes rêves...

Cela vous est certainement arrivé aussi, un jour. Un jour bien ordinaire pour tous, sauf pour la vie elle-même. Votre vie, ou si vous préférez votre destin prendra un virage à 180°. Si cela ne vous est pas arrivé, soyez patient et profitez du temps qui passe, de votre amour et du champ des oiseaux. Un jour cela arrivera immanquablement sans que vous fassiez quelque chose pour. Les choses les plus essentielles de la vie sont GRATUITES. lA VIE elle-même est gratuite. Vous le savez.
Alors, le tournant arrivera vers ... le bien ( je l'espère pour tous) ou vers le mal...comme pour mon personnage Madjigéen. Le virage a été douloureux. 360° de la raison à la folie, de la lumiére aux ténébres.

Dans la salle de classe, le professeur s'est transformé en un immense bloc de sang en mouvement qui m'engloutit entièrement. C'ètait la veille des examens du baccalauréat... à suivre

Thursday, September 29, 2005

Chant des ténèbres, extraits 2

(...) D'ailleurs j'étais réellement une prisonnière, mon père me tenait enfermée dans ce réduit où autrefois on stockait la paille destinée au bétail. Isolé de la vaste maison, le lieu était exigu; sa toit en zinc était si basse que je craignais parfois en dépit du bon sens, de la heurter du front. Il me paraissait incroyable que papa, mon papa qui m'appelait "yaay Booy" parce que je portais le prénom de sa mère, ait pu me confiner dans ce débarras infect.

Tout est arrivè trés vite le mois dernier. Je ne me souvenais plus de rien. J'avais passé la nuit avec mes soeurs comme à l'accoutumée, dans la grande chambre commune; le lendemain matin, au réveil, tout autour de moi avait changé; ils avaient dû s'occuper de moi pendant mon sommeil. Je me suis donc retrouvée dans cet endroit sombre et triste, sur l'épais matelas de paille de ce lit grossier.
(...)
J'attendais beaucoup de la vie et elle-même me promettait beaucoup. J'ai un père et une mère comme tous les autres et comme tous les autres, j'ai grandi enveloppée dans la douceur familiale. J'ai fait mes études primaires et secondaires avec succés. L'avis de mes professeurs était unanime: élève mèthodique et sérieuse, cahier bien tenu et à jour; élève active; élève modèle, élève travailleuse, peut aller trés loin... Où suis-je arrvivée?
Tout le monde disait que j'irai trés loin, eh bien je me suis arrêtée bien prématurément!
(...) L'avenir insaisissable et volatile m'avait transportée dans les eaux tumultueuses de la démence. je m'étais retrouvée ballotée dans ses vagues sans vraiment savoir ce qui m'arrivait. Rien ne cette matinée de juin ne laissait présager l'effondrement de mes rêves. Et pourtant tout était fini: l'arbre était mort à peine planté. Vingt huit seulement et plus de vie à vivre...En perdant la raicon, j'avais tout perdu.
A suivre...

Wednesday, September 28, 2005

Le Chant des ténèbres

Hier, on se disait: " nous en reparlerons demain". Demain C'est aujourd'hui, 28 septembre 2005. Entre hier et aujourd'hui, il s'est passé une nuit. J'ai peur de la nuit. Surtout, des ombres de la nuit, ténèbres visibles et non visibles qui éclipsent les lumières de la raison et plongent l'Humain dans les abîmes de la Folie. Pour vaincre l'ANGOISSE des ombres, j'ai publié en 1997
le Chant des ténèbres, NEAS, 154 p.

---- La quatrième de couverture: Le poncepilatisme d'un père peut s'expliquer par la désertion d'une mère du domicile conjugal. La folie, elle, c'est sûr, trouve dans un foyer éclaté un terrain propice à son éclosion. Mais pourquoi Madjigeen, au doux sobriquet de Yaay Boy, plutôt que l'une quelconque de ses soeurs ? Mystère parmi tant d'autres que le roman brasse sans les élucider. Mais Tanti, la tante abhorrée ? "Coquille vide qui roulait sans bruit", Yaay Boy émergera fugacement des ombres de la démence pour l'occire et se retrouver pensionnaire chez Baay, le tradipraticien, mélange d'anachronismes et d'instincts.

Extraits
Dix neuf heures. le soir tombait. Par la fenêtre de ma chambre dont le rideau était relevé, je regardais la nuit descendre lentement sur Tchida. Combien de fois avais-je, à la même heure, assisté de ma nouvelle chambre au même spectacle? je ne saurais le dire. J'avais l'impression d'avoir toujours vu l'univers à travers cette minuscule fenêtre ce qui renforçait mon sentiment d'être emprisonnée dans une cellule étouffante...
A suivre