Chant des ténèbres, extraits 2
(...) D'ailleurs j'étais réellement une prisonnière, mon père me tenait enfermée dans ce réduit où autrefois on stockait la paille destinée au bétail. Isolé de la vaste maison, le lieu était exigu; sa toit en zinc était si basse que je craignais parfois en dépit du bon sens, de la heurter du front. Il me paraissait incroyable que papa, mon papa qui m'appelait "yaay Booy" parce que je portais le prénom de sa mère, ait pu me confiner dans ce débarras infect.
Tout est arrivè trés vite le mois dernier. Je ne me souvenais plus de rien. J'avais passé la nuit avec mes soeurs comme à l'accoutumée, dans la grande chambre commune; le lendemain matin, au réveil, tout autour de moi avait changé; ils avaient dû s'occuper de moi pendant mon sommeil. Je me suis donc retrouvée dans cet endroit sombre et triste, sur l'épais matelas de paille de ce lit grossier.
(...)
J'attendais beaucoup de la vie et elle-même me promettait beaucoup. J'ai un père et une mère comme tous les autres et comme tous les autres, j'ai grandi enveloppée dans la douceur familiale. J'ai fait mes études primaires et secondaires avec succés. L'avis de mes professeurs était unanime: élève mèthodique et sérieuse, cahier bien tenu et à jour; élève active; élève modèle, élève travailleuse, peut aller trés loin... Où suis-je arrvivée?
Tout le monde disait que j'irai trés loin, eh bien je me suis arrêtée bien prématurément!
(...) L'avenir insaisissable et volatile m'avait transportée dans les eaux tumultueuses de la démence. je m'étais retrouvée ballotée dans ses vagues sans vraiment savoir ce qui m'arrivait. Rien ne cette matinée de juin ne laissait présager l'effondrement de mes rêves. Et pourtant tout était fini: l'arbre était mort à peine planté. Vingt huit seulement et plus de vie à vivre...En perdant la raicon, j'avais tout perdu.
A suivre...
Tout est arrivè trés vite le mois dernier. Je ne me souvenais plus de rien. J'avais passé la nuit avec mes soeurs comme à l'accoutumée, dans la grande chambre commune; le lendemain matin, au réveil, tout autour de moi avait changé; ils avaient dû s'occuper de moi pendant mon sommeil. Je me suis donc retrouvée dans cet endroit sombre et triste, sur l'épais matelas de paille de ce lit grossier.
(...)
J'attendais beaucoup de la vie et elle-même me promettait beaucoup. J'ai un père et une mère comme tous les autres et comme tous les autres, j'ai grandi enveloppée dans la douceur familiale. J'ai fait mes études primaires et secondaires avec succés. L'avis de mes professeurs était unanime: élève mèthodique et sérieuse, cahier bien tenu et à jour; élève active; élève modèle, élève travailleuse, peut aller trés loin... Où suis-je arrvivée?
Tout le monde disait que j'irai trés loin, eh bien je me suis arrêtée bien prématurément!
(...) L'avenir insaisissable et volatile m'avait transportée dans les eaux tumultueuses de la démence. je m'étais retrouvée ballotée dans ses vagues sans vraiment savoir ce qui m'arrivait. Rien ne cette matinée de juin ne laissait présager l'effondrement de mes rêves. Et pourtant tout était fini: l'arbre était mort à peine planté. Vingt huit seulement et plus de vie à vivre...En perdant la raicon, j'avais tout perdu.
A suivre...
2 Comments:
Chére Madame,
J'ai lu entiérement votre roman, "Le chant des ténèbres". Votre personnage Madjigueen est l'une des rares héroïnes de la littérature africaine qui nous offre une vision intérieure de la folie. Ce qui m'a le plus impressonné en elle c'est son extême lucidité dans son discours et sa plongée quasi fatale dans sa xizophrénie. Ses allées et venues de la folie à la raison coupent le souffle au lecteur et j'avoue que plus d'une fois, je me suis dit: non pas maintenant! elle ne peut pas faire cela! non pas maintenant. Pourtant elle sombre dans sa maladie jusqu'à l'assassinat de sa tante. Je pense que dans votre blog,(je l'espère), vous nous diriez comment vous êtes parvenue à nous livrer cette plongée si intime et si profonde dans l'intimité de la folie, tout en sachant que vous n'avez jamais été folle.
Merci
Françoise G
Bonjour,
je voudrais juste vous signaler ce lien sur le site d'un artiste sénégalais Mor Talla Seck qui a peint presque tous les personnages du " chant des ténèbres"! nous retrouvons Baay le guériseur traditionnel, Madjigueen votre héroïne et bien d'autres pensionnaires de la maison des fous.
http://www.fondationolivier.com/seckmt00.htm
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